Quand José Miguel Arroyo « Joselito » s’est inscrit au cours de master d’écologie, tout le monde s’est demandé pourquoi. L’idée, géniale il est vrai, était de classer à terme son élevage de toros de combat parmi les premiers à posséder la certification « bio » concernant l’alimentation, les herbages, l’eau sans nitrates, etc. De cette exigence de qualité d’environnement sont nées plusieurs centaines de bêtes sur les terres de sa ganaderia de San Juan de Piedrasalbas, au nord-ouest de Trujillo, dans la province de Cáceres.
Créé à l’aube des années 1990 avec Enrique Martín Arranz, son fondé de pouvoir, cet élevage se renforce en 1997 de deux autres fers grâce aux nouveaux statuts de l’union des éleveurs de toros de combat. C’est désormais sous le blason d’« El Tajo », le fleuve qui coule à Tolède et traverse l’Espagne sur près de 716 kilomètres, s’ouvrant dans la mer à Lisbonne, et sous celui de « La Reina », en référence à la ville de Talavera-de-la-Reina, où il vit, que Joselito fait galoper ses toros. Beaucoup de toreros, au terme de leur carrière, se sont lancés dans l’élevage du Roi Toro, qui les avait rendus riches et célèbres. À l’arrivée, la plupart ont dû déchanter. Sans doute cherchaient-ils à créer le cornu idéal, noble, sans caractère ni tempérament particulier. Un toro « sans souci ».
Parmi les favoris
À l’inverse, Joselito s’attache depuis près de trente ans à conserver la bravoure, le tonus offensif et le moral sauvage de ses troupeaux. Il y a quelques saisons, les vedettes rechignaient à les combattre mais tout a basculé à partir de 2008, lors d’un premier lot encasté et captivant aux arènes de Bayonne. Bis repetita le 5 août 2011, toujours aux arènes de Lachepaillet, où « El Juli », scalpé, et Daniel Luque triomphent face au bétail du maestro madrilène.
Pourtant, tout ne fut pas un chemin de pétales de rose tout au long de cette réputation maintenant acquise. En 2006, José dut faire abattre 350 têtes, atteintes de brucellose. Il repartit de plus belle avec un nouveau cheptel et, en moins de sept ans, à peine deux générations, le voilà parmi les ganaderos favoris de l’aficion et même des figuras qui ont compris que mobilité, transmission, caste, bravoure et noblesse ne sont pas incompatibles. Ces stars de la tauromachie n’ont souvent qu’une question à la bouche quand ils s’interrogent sur tel ou tel élevage : « Como sale el malo ? », comment se comporte le mauvais (ou méchant) toro ? Depuis quelques temporadas, au sujet de la ganaderia de Joselito, la question ne se pose plus…
Zocato